PRÉSENTATION FESTIVAL
Le Festival "Court Métrange" se déroule donc à Rennes depuis 20 ans. Il a donc gagné sa place prouvant son importance en tant que lieu de diffusion et de création, permettant aujourd'hui de maintenir l'existence des courts-métrages de « genre ». Il devient ainsi un festival reconnu à international pour ces courts-métrages fantastiques, étranges et insolites. Mettant en lumière une certaine catégorie d’œuvres trop souvent oubliée, tout en leur redonnant une valeur artistique et culturelle qu’il mérite.
Dans cette grande famille qu'est “Court Métrange”, ils y font découvrir de nouveaux talents. Apportant une autre vision de l’art, innovant avec des propositions d’atelier, des résidences d’artistes en milieu scolaire, des séances de sensibilisation, des soirées en plein air, qui demeurent cohérent avec son champ d’expertise et qui s’adressent aussi bien au jeune public qu’à un public averti.
L'ÉDITION DE CETTE ANNÉE
Comme le dit si bien le festival lui-même “Il y a 20 ans, vouloir fêter le fantastique par le biais du court-métrage relevait d’un pari insensé, voire d’une provocation intolérable à l’endroit du bon goût officiel qui nous était dicté de plus haut.” Mais c’est dans cet effort qu’ils ont continué ce qu'ils voulaient et qu'aujourd'hui, on peut fêter les 20 ans de leur existence.
C’est ainsi en cette année spéciale que le festival continue ce qu’il a toujours fait en proposant des shows toujours plus innovants. On peut noter en premier pour la seconde fois consécutive le Show "Queer Métrange" mais aussi la "Soirée improvisée" avec la P’tite Troupe, mais cela n’était que la surface de ce qui était totalement proposée. Proposant un programme toujours plus diversifié et varié mélangeant de toute culture, avec toujours cette touche de mystère et d’étrange qui nous attire tellement.
Quelques films en compétition qui nous ont marqués
Extras
Marc-Antoine Lemire (2024)
Comment expliquer que le film est marquant non pas à cause de ses personnages et de son histoire, mais de son arrière-plan. C’est exactement ce que l’on vit avec ce film. Tout semble tranquille au premier abord, partant sur une histoire simple une actrice qui parle à son agent et ne veut pas jouer un rôle de troisième plan ce qui veut dire simplement les rôles en arrière-plan qui ont une importance. Mais quand on commence à être attentif au second plan, c’est la folie pure qui se joue, ayant des gens qui deviennent des mannequins, un clown qui devient fou et j’en oublie plein, …
Ce film est ainsi une sorte d'hommage au gens de l'ombre trop souvent oublié car pas important pour l'histoire.
Storm
Lena Tsodykovskaya (2023)
C’est un court métrage intéressant qui explore l’idée de voyeurisme à travers la caméra cinématographique. En effet, les personnages semblent prisonniers de cet objectif et contraint par les lois du cinéma. Un simple changement de plan amène le personnage à changer brusquement de lieux en entraînant des conséquences sanglantes. Ce qui m’a le plus marqué dans ce film c’est la manière dont la caméra devient elle-même un personnage, mène la danse et mène en l'occurrence la vie dure aux deux protagonistes qui tentent désespérément d’échapper au cadre. Les procédés de cinéma comme le montage, les sous-titres ou la vue subjective sont utilisés de manière à la fois drôle et terrifiante. C’est un film qui donne des frissons dans le dos, accentués par la boucle temporelle qui nous rend otage de cette nuit d’orage.
Un trou dans la poitrine
Jean-Sébastien Hamel, Alexandra Myotte (2023)
Au début, on ne sait pas où le film nous dirige, étant parfois presque déroutant, mais plus il avance plus on comprend que cette touche presque lyrique n’est qu'une façade qui cache un dur secret.
L’animation suit cette idée, étant un peu angoissante et déroutante à certains moments surtout sur l’aspect mythique, pourtant plus on avance plus on comprend pourquoi cet aspect est choisi.
Les personnages sont des crève-cœur, car on comprend ce qui les tourmente, avec chacun leur façon de l’affronter…. L’un est perdu et cache la vérité derrière un autre monde pour ne pas avoir à réfléchir à ce qui est arrivé, tandis que l’autre devient froid avec le monde tout en se reprochant ce qui est arrivé.
Le danger en face
Alexis Chartrand (2020)
Un film assez surprenant et absurde, en effet, un barbier qui semble être un homme ordinaire se voit confronté soudainement à un danger. Alors qu’il croit voir dans le restaurant d’en face l’homme susceptible de représenter un danger pour sa famille, il va se triturer les méninges pour trouver le meilleur plan dans le but d’éliminer le danger. C’est alors qu’il paraît devenir le meilleur tueur de la ville. J’ai trouvé ce film très drôle dans sa mise en scène et très atypique. On peut voir les décors bouger donnant l’impression de mouvement du personnage, on a des armes en carton et un barbier qui semble avoir succomber à la folie en n’hésitant pas dans l’imagination de multiples plans à tuer tous les gens qu’il connaît et qui n’ont rien avoir dans l’histoire. J’ai aussi beaucoup aimé le noir et blanc qui donne une impression de vieux films de gangster et qui permet la rupture à la fin avec l’arrivé de la couleur.
Carnivora
Felipe Vargas (2024)
Je pensais que notre famille pouvait être terrifiante, mais à ce point, c’est quelque chose.
Yaya, une vieille dame à l'apparence tranquille, cache en elle un monstre qui enferme à tour de rôle des membres d’une famille. Nous plongeant dans une ambiance de terreur dès les premières apparitions de Yaya, pas avec des screamers, mais avec des gestes qui sortent de l’ordinaire jusqu’à la révélation finale.
Le film pose ainsi un dilemme que l’on ne penserait jamais : devons-nous abandonner les gens qui nous font souffrir, surtout si c’est la famille proche. Qu’elle est la meilleure solution? Un dilemme qui hante tout le monde à un moment…
Cut me if you can
Nicolas Polixene, Sylvain Loubet (2023)
Je pense qu’il s’agit de mon film préféré de ce festival. Un film très drôle et qui pourtant amène tout de même à réfléchir. On suit deux protagonistes, un homme de couleur noir et une bimbo qui sont coincés dans une boucle temporelle dans un film d’horreur où leur seul destin est de mourir comme de simples victimes. Mais tout cela s’achève lorsque le personnage feminin ne veut plus jouer le rôle qui lui a été attribué. Au lieu d’être tuée, elle tue le méchant, sauvant son acolyte masculin d’une mort effroyable. Malheureusement, le meurtrier semble être immortel et les poursuit. Nous sommes alors plongés dans ce cinéma qui ne semble posséder aucune issus où les deux personnages se battent contre la production du film qui veut absolument les voir mourir. Tous les coups sont permis même de passer au muet pour empêcher le méchant de parler. Une quête pour la survie intéressante et amusante qui joue des clichés de films d’horreur mettant en scène l’art du cinéma avec toutes ses possibilités.
Exposition artistique : 16:24 Les Échos du Fantastique (Village Métrange)
Cette année encore, Court-Métrange était accompagné de son exposition en lien avec l’ambiance du festival. Cette exposition rassemble des artistes en tout genre qui travaillent la question de l’étrange et du fantastique par des biais différents. L’exposition était entourée du marché métrange qui la rendait encore plus vivante et permettait aux artisans créateurs de venir présenter et vendre leurs créations. Les deux nous offraient une association parfaite.
Pour en citer quelques-uns qui m’ont marqué, on peut mentionner tout d’abord les œuvres de Patrice Pit Hubert. Ce sculpteur de métal français s’intéresse à l’association du mécanique et de l’organique. Pour illustrer cela on peut voir la pièce la plus imposante de l’exposition qui tout de métal détient en son centre un cœur qui représente la partie organique par le moteur qui le met en mouvement, les jeux de lumières ainsi que les tissus qui l’entoure lui donnant ainsi ce côté vivant, organique. De plus, cet artiste était constamment présent car les armatures qui permettaient aux autres œuvres de se nicher et les lampes qui les éclairaient étaient aussi réalisées par lui.
D’autres comme Juha Arvid Helminen s’exprime à travers la photographie, notamment pour dénoncer des actes de violences policières et contester la politique en passant par le mystère. Ces photos aux personnages sans identité presque démoniaque par ce tissu noir qui recouvre leur visage, sont fortes de sens et amène le spectateur à se questionner.
Les nouvelles technologies étaient aussi à l’honneur par deux artistes en particulier. Dans un premier temps on a pu admirer les œuvres de Willy Bihoreau, ce photographe est amené à utiliser soit la peinture soit photoshop pour embellir ses photos et leur donner ainsi cet aspect post-apocalyptique. Puis on a pu s’intéresser à l’artiste Stephane Desmoulins qui a créer un véritable univers, très singulier, où il représente des créatures, des êtres vivants monstrueux comme il les appelle qui s’inspire d’être de la réalité qui peuvent faire peur tels que les araignées ou les pieuvres. Il utilise différentes techniques comme le cyanotypes ou la tablette graphique pour créer ses œuvres, mais il utilise aussi l’IA pour donner vie à ses créatures fantastiques sur une planète fictive. Une planète mise en accès libre au public via un jeu interactif lors de l’exposition.
Pour terminer on peut aussi parler de l’artiste Stan Manoukian, un illustrateur, qui utilise le dessin pour créer du fantastique et de l’étrange. En effet, il utilise la nature en leur apportant des extensions créant ainsi des créatures très particulières et avec un goût du détail prononcé. On a pu par exemple déceler une sorte de Batman naissant d’un buisson.
En conclusion, une exposition riche et variée qui met à l’honneur le fantastique et l’étrange de manière singulière et captivante.
Participation au pôle médiation culturelle : Chloé Guérin
Je fus moi-même plongée au cœur de l’exposition par mon implication en tant que bénévole. J’avais notamment pour mission la médiation culturelle. Mon rôle était d’aller vers les visiteurs pour leur apporter quelques informations et explications sur les œuvres exposées. Cela a été une expérience intéressante et bénéfique. J’ai pu découvrir des artistes et des œuvres que je ne connaissais pas. J’ai pu aussi me mettre dans la peau d’un médiateur et discuter, parfois longuement, avec des nouvelles personnes. Certains artistes étaient aussi présents tels que Stéphane Desmoulins ou Ornélie, l’occasion d’en apprendre plus sur les œuvres et d’apprendre à les connaître. Durant mon bénévolat j’ai aussi pu assurer la mission d'accueil du public, une expérience très sympa avec un contact direct avec le public qui venait dans certains cas sans savoir où il mettait les pieds. J’ai trouvé cela très plaisant de pouvoir faire découvrir le festival au plus grand nombre et aussi de guider les gens vers les séances ou les animations.
J’en retiens des bons souvenirs, des rencontres et une expérience enrichissante.
Participation au pôle captation: Dorian Goux--Brochard
Maintenant, que Chloé a parlé de son point de vue au sein du festival, je vais parler du mien qui est bien différent du sien.
Étant dans le groupe captation, mon bénévolat consistait à aller au sein des événements et d'animations pour capter au mieux ce qui se passait et le transmettre par la suite au groupe de la communication. Nous étions ainsi une équipe d’une dizaine de personnes, nous pouvions avoir accès à des appareils et des caméras, mais aussi amener notre propre matériel pour notre propre confort. Mais le plus important et que nous avions des moments précis où être présent pour pouvoir avoir les meilleures images du festival.
Puis en fonction des jours et des besoins, on avait un planning ou été répertorié tout ce qui se passait au sein du festival que ce soit au niveau scolaire, professionnel ou grand public. Nous avions cependant une grande liberté d'action et on pouvait aussi venir sur des événements non prévus pour donner un coup de pouce.
On avait ainsi plusieurs façons de capter les événements, que ce soit en premier avec une caméra que l’on nous prêtait, pour les spectacles et les conférences. Ainsi, on en garde une trace vidéo, qui serait publiée plus tard. La seconde est plus simple, on devait assister aux événements et prendre des photos en format horizontal ou vertical pour s’adapter à tous les supports que le festival utiliserait. Ces photos servaient donc pour le pôle communication situé plus tôt. Notre dernière tâche plus secondaire était de prendre des vidéos assez rapides pour capter certains moments importants du festival qui servirait lors de l’après-film monté non pas par nous, mais par les gérants de pôle captation.
Je remercierai jamais assez ceux qui ont fait partie de l’équipe cette année, c'était un plaisir d’être avec eux sur les événements, même si on ne s'est pas vu longtemps, ils étaient un vrai rayon de soleil lors de cette semaine avec le festival et ainsi, je leur dis à l'année prochaine avec grand plaisir.
Regard croisés: philosophie et cinéma - Le château ambulant de Hayao Miyazaki (2004)
Conférence de Gwendal Parmentier et Maude Robert - 27/09/2024
Dans le cadre de cette édition des "regards croisés" deux philosophes ont pu animer une conférence philosophique sur le film Le château ambulant de Hayao Miyazaki (2004). 20 ans après Nausicaä la Vallée du Vent, les deux conférenciers y voient la possibilité de discuter des rapports métaphysiques que peut entretenir le film avec l'Homme. Véritable film initiatique et introspectif, ce dernier nous laisse transparaître un ensemble de questionnements sur le temps qui passe autour de la malédiction de la jeune Sophie (âgée également de 20 ans) ou encore les réflexions qui peuvent traverser notre protagoniste à l'égard de la/sa nature et de la guerre. Au travers de concepts philosophiques tels que le dualisme ou encore la justice et la morale, découvrez dès à présent comment les deux conférenciers réfléchissent aux rapports sensibles et magiques des personnages de Miyazaki!
© Gwendal Parmentier et Maude Robert (Court-Métrange 2024)
(la captation de la conférence sera partagée dès qu'elle sera mise en ligne par le festival)
Chloé Guérin; Dorian Goux--Brochard (Nocard.Inc)
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