« Chris Marker, c’est un peu le plus célèbre des cinéastes inconnus », ainsi s'exprime Philippe Dubois dans la préface du livre Recherches sur Chris Marker. Cette déclaration intrigante trouve écho dans l'ensemble de l'œuvre du réalisateur, notamment dans son court métrage Junkopia, distingué par le César du meilleur court métrage documentaire en 1983 et largement diffusé au cinéma.
Bien que Junkopia ne soit pas complètement méconnu, sa nature courte et peu commentée le rend énigmatique, contribuant à la mystique qui entoure l'ensemble de l'œuvre de Chris Marker. Tourné à San Francisco en juillet, sur la plage d'Emeryville, ce court métrage atypique a été créé avec une équipe minimale, reflétant l'approche singulière de Marker.
En tant que réalisateur de la Nouvelle Vague, Marker partage une vision du cinéma du réel, se distinguant du style plus fictionnel et techniquement avancé de son époque. Il se concentre sur l'esthétique plutôt que sur des effets ou du matériel sophistiqué, délibérément éloigné du divertissement conventionnel. Junkopia, en tant que court métrage complexe, incite le spectateur à visualiser avant d'analyser, suscitant une réflexion profonde sur la vision du réalisateur. Le contraste est un élément clé, soulignant des divergences thématiques pertinentes pour le monde que Marker souhaite explorer.
L'esthétique, étroitement liée au spectateur, est délibérément mise en avant par Marker, offrant une expérience immersive pour percevoir le monde d'une manière différente. Les divers plans révèlent une esthétique intrigante sur la relation entre le subjectif et l'image présentée, illustrant métaphoriquement comment la technologie peut nous éloigner de notre essence naturelle.
Marker, de manière quelque peu engagée, évoque sa vision d'un monde où tout est imaginaire, permettant à chacun de choisir ce qu'il veut voir et d'ignorer ce qu'il ne souhaite pas voir. La citation initiale résonne tout au long de son œuvre, soulignant l'étrange paradoxe de la célébrité méconnue qui caractérise Chris Marker.
Flavien Gourraud

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