Anora : Une étoile dans la nuit, portée par Mickey Madison

Sean Baker nous plonge une fois de plus dans une Amérique en marge avec Anora, un film à la fois captivant et désarmant. Cette fois, il s’attache à raconter l’histoire d’Anora, une jeune escorte qui s’éprend d’un héritier millionnaire. Ce qui débute comme une aventure romantique se délite peu à peu lorsqu'elle réalise que son amour n'est qu'une parenthèse dans la vie dorée de son amant. Le départ précipité de ce dernier, rappelé par des parents impitoyables, laisse Anora seule face à un destin incertain.

    Lors de l’avant-première au Pathé Wepler à Paris, Sean Baker a partagé avec le public son attachement profond à son casting, soulignant l’alchimie entre les acteurs qui a été fondamentale pour porter cette histoire. "J’aime laisser une grande liberté aux acteurs sur le plateau," a-t-il confié. "Je travaille en étroite collaboration avec eux, mais je leur fais confiance pour s’approprier leurs rôles et apporter leurs propres nuances aux personnages." Pour Baker, Mickey Madison a été un choix évident pour incarner Anora. "Elle avait cette vulnérabilité, cette intelligence, mais aussi une intensité brute qui correspondait exactement à ce que je cherchais pour Anora."

    Mickey Madison, présente à ses côtés, est revenue sur l’une des grandes préparations pour ce rôle : apprendre le russe. "Je n’avais jamais parlé un mot de russe auparavant," a-t-elle expliqué. "Mais je savais que cela apporterait une dimension supplémentaire à mon personnage. C'était un véritable défi, mais aussi une opportunité de me plonger encore plus profondément dans la peau d'Anora." En plus de cette préparation linguistique, Madison a également dû s’entraîner pour des scènes de cascades physiques, une immersion totale dans un rôle exigeant, tant sur le plan émotionnel que physique.

       Autour d'elle, les autres acteurs jouent leurs partitions avec efficacité, mais aucun ne brille autant que Madison. Elle magnétise littéralement l'écran, et c'est à travers son regard, ses silences et ses hésitations que le film prend tout son sens. Bien que constamment ignorée par ceux qui l’entourent, Anora s’impose malgré tout comme l'âme du film, tandis que les autres personnages orbitent autour d'elle sans jamais vraiment la comprendre.

    La mise en scène de Sean Baker reste fidèle à son style épuré et direct. Sans chercher l'esbroufe visuelle, il privilégie une approche minimaliste, centrée sur son héroïne. Ce choix, bien que subtil, renforce l’intensité émotionnelle du film, même si certains pourraient regretter le manque d'audace dans la réalisation. L’efficacité de cette sobriété réside néanmoins dans sa capacité à servir le personnage d'Anora sans jamais détourner l'attention.

   Au final, ANORA  est un film fascinant, rempli d’humour noir et de réflexions acérées sur les illusions de l’amour et de la richesse. Porté par une fluidité narrative impeccable, il offre au spectateur une plongée troublante dans un univers à la fois cruel et émouvant, dont Mickey Madison est l'astre le plus brillant.